Entretien avec Julie Depardieu à l'occasion de la sortie du film "A la vie" le 26 novembre.
Pour
le casting du film, Jean-Jacques Zilbermann voulut se coller au plus
près de la réalité, c'est pourquoi il respecta les origines des trois
protagonistes en engageant une actrice française (Julie Depardieu),
canadienne (Suzanne Clément) et hollandaise (Johanna ter Steege)
1960.
Trois femmes, anciennes déportées d’Auschwitz qui ne s’étaient pas
revues depuis la guerre, se retrouvent à Berck-Plage. Dans cette
parenthèse de quelques jours, tout est une première fois pour Hélène,
Rose et Lili : leur premier vrai repas ensemble, leur première glace,
leur premier bain de mer… Une semaine de rires, de chansons mais aussi
de disputes et d’histoires d’amour et d’amitié...
Une question de regard
«
À la lecture, j’ai immédiatement été touchée par le regard de
Jean-Jacques sur ces trois femmes, sa volonté de filmer leurs rapports,
le lien fort et indicible qui existe entre elles, et qu’elles ont
entretenu jusqu’à leur mort. Le film, en fait, parle de son amour pour
sa mère et ses deux amies de déportation. Il nous avait montré le
documentaire qu’il avait fait sur elles quand elles étaient encore
vivantes. Très émouvantes, les trois vieilles dames assises dans le
sable, sur la plage, filmées comme des rock stars glamour, et riant
comme des copines ! Pour moi, À LA VIE est le film d’un enfant
respectueux et tendre sur sa mère, une femme comme on n’en fait plus ! »
L’indicible
« Dans le film, il est question du tout - l’horreur, la survie - et des petits riens.
Jean-Jacques
filme des instants hors les mots. Et hors le temps. Une parenthèse
partagée entre trois femmes qui réapprennent à vivre. Leur « après ».
Comme un rendez-vous avec leur passé, leur histoire commune que personne
d’autre ne peut comprendre.
Et Jean-Jacques, comme elles, veut sourire du pire. »
Qui est Hélène ?
«
Une jeune fille pleine de rêves qui a été fauchée à 20 ans. Comme si
elle avait été plongée dans une marmite d’huile bouillante. Après, il y a
la rage du bonheur malgré tout. Alors elle cherche ceux qui l’aiment
encore et elle repart, déterminée à se reconstruire. Comme un automate,
d’abord, pendant 15 ans, en renonçant à certaines choses, en se mettant
entre parenthèses, avant qu’un nouveau souffle de vie revienne, avec le
plaisir physique. Ça c’est le personnage. Mais Hélène, surtout, est la
mère de Jean-Jacques ! Et sur le tournage, « mon fils » me mettait la
pression : « Je veux y croire ! » Je l’écoutais, je digérais ses
conseils, mais, ensuite, je me lançais sans trop analyser. Il fallait
que cela passe par moi, mes propres émotions, mon imagination. En
revanche, je faisais attention à ralentir mon rythme naturel de paroles,
de gestes pour essayer d’entrer dans le temps suspendu de ces trois
femmes. »
Des moteurs différents
«
J’espère que je n’ai pas trop agacé Suzanne et Johanna ! Je ne suis
jamais concentrée avant une prise. Je m’engueule au téléphone avec un
garagiste, je ne veux pas savoir où est la caméra. Le cadre ? Quel cadre
? Je préfère rester dans l’inconscience.
Suzanne
est fascinante avec son casque sur les oreilles, écoutant de la musique
à fond pour se concentrer avant chaque scène. Et Johanna pose des
questions sur la focale ! C’est sa manière d’être à fond dans le film et
de calmer son stress. À chaque interprète, sa manière de lutter contre
l’angoisse. »
Yiddish Songs
«
J’ai adoré répéter les chansons du film avec Éric Slabiak, le
compositeur du film au violon et à l’accordéon. Je retrouvais mon amour
pour les chants yiddish que j’avais déjà découverts dans UN SECRET de
Claude Miller. »
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